Qui sont les campagnols amphibies ?
Vous avez dit aquatiques ?
Les campagnols aquatiques, ou « semi-aquatiques », sont des petits rongeurs vivant dans les rivières, étangs et marais. Avec le Castor d’Eurasie, ils sont les seuls rongeurs aquatiques présents de façon naturelle en France et en Europe.
Les campagnols aquatiques sont au nombre de deux, très difficiles à différencier : le Campagnol amphibie et le Campagnol terrestre « forme aquatique ». Ce sont les plus grands des campagnols, mais les plus petits des rongeurs aquatiques. Ils ont un pelage brun, épais, un museau court, de petites oreilles cachées dans la fourrure et une queue assez longue par rapport à la plupart des campagnols.
Ils nagent et plongent remarquablement. Leur vie est liée au milieu aquatique. Ils se nourrissent de plantes qu’ils trouvent sur la berge ou dans l’eau et s’abritent dans un terrier dont l’entrée est immergée. Les campagnols aquatiques vivent en petites colonies de quelques individus. Ils ne sont jamais très abondants. Ils ne vont pas se nourrir dans les champs et n’ont aucun impact sur les activités agricoles.
Cartes d'identités
- Le Campagnol amphibie
- Nom scientifique : Arvicola sapidus
Longueur : 165-240 mm (tête + corps) + 100-140 mm (queue)
Poids : 140-300 g - Le Campagnol terrestre « forme aquatique »
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Nom scientifique : Arvicola amphibius = Arvicola terrestris = Arvicola terrestris terrestris
Longueur : 125- 200 mm (tête + corps) + 60- 120 mm (queue)
Poids : 70- 200 g (en France)A ne pas confondre avec le Campagnol fouisseur, appelé parfois aussi « Campagnol terrestre forme fouisseuse » ou « Rat taupier » (Arvicola scherman = Arvicola terrestris scherman) ! Ce campagnol ne vit pas dans les cours d’eau mais dans les prairies et autres milieux non aquatiques.
Habitat et répartition
Les campagnols aquatiques fréquentent des fleuves, rivières, ruisseaux, canaux, lacs, étangs, mares, tourbières, marais... du niveau de la mer jusqu’à plus de 2000 mètres d’altitude. Ils ont besoin d’eau permanente, de berges meubles leur permettant d’installer un terrier ou un nid et d’un épais couvert de végétation herbacée au bord de l’eau.
Ces deux campagnols ont un mode de vie similaire et fréquentent les mêmes types de milieux mais leur répartition est distincte. Le Campagnol amphibie est présent dans la péninsule ibérique et en France, à l’exception du nord et de l’est du pays. Le Campagnol terrestre « forme aquatique » est présent dans le nord et le nord-est de la France et dans une grande partie de l’Eurasie.
Bien qu’ils sont largement répartis en France, tous deux sont très peu communs.
L'enquête nationale 2009-2014
De 2009 à 2014, la SFEPM a coordonné une grande enquête participative sur les campagnols aquatiques, relayée sur le terrain par les associations locales partenaires. Les naturalistes des différentes régions sont partis à la recherche des traces et indices des campagnols. Dix mille portions de berges ont été prospectées selon un protocole standardisé. Cette enquête est d’une ampleur sans précédent pour des petits mammifères en France.
L’enquête a permis une amélioration considérable des connaissances sur ces campagnols. Les résultats montrent que le Campagnol amphibie et le Campagnol terrestre « forme aquatique » sont tous deux très peu fréquents.
Protéger les campagnols aquatiques
Protégé par la loi
Le Campagnol amphibie fait partie des espèces protégées en France depuis 2012. Sa destruction est donc interdite, ainsi que celle de son habitat.
Le Campagnol terrestre « forme aquatique » n’est pas encore protégé par la loi. Il doit cependant être préservé de la même façon que le Campagnol amphibie.
Comment les préserver ?
La meilleure façon de protéger les campagnols aquatiques est de protéger les milieux aquatiques. Pour préserver l’habitat du Campagnol amphibie et du Campagnol terrestre « forme aquatique », on peut :
- Conserver la végétation herbacée au bord de l’eau, sur une largeur minimale d’un mètre et sur une hauteur de 50 centimètres.
- En cas d’intervention sur les berges, garder en permanence des portions de berges intactes sur une centaine de mètres linéaires. Elles seront des zones refuges pour les campagnols.
- Dans les prairies pâturées : poser un fil de clôture à un mètre du ruisseau, pour éviter le piétinement de la berge par le bétail.
Ces quelques exemples doivent bien sûr être précisés, adaptés au cas par cas. Les campagnols aquatiques doivent être pris en compte dans tout projet d’aménagement, dans tout projet d’intervention touchant les milieux aquatiques et leurs rives.
Que faire en cas de piégeage accidentel ?
Les campagnols aquatiques sont capturés accidentellement dans les pièges-cages destinées aux Ragondins ou aux Rats musqués (classés « nuisibles »). N’étant pas classés « nuisibles », en cas de capture, le Campagnol amphibie et le Campagnol terrestre « forme aquatique » doivent immédiatement être relâchés sur place.
Les campagnols aquatiques sont aussi piégés accidentellement par les pièges tuants (pièges « en X ») destinés aux espèces classées « nuisibles ». Ces pièges ne sont pas sélectifs. Leur usage au bord de l’eau est logiquement interdit dans les zones de présence de Loutre d’Europe, Castor d’Europe et Vison d’Europe, trois espèces protégées. Mais les pièges tuants ne sont pas encore interdits en zone de présence de Campagnol amphibie, une espèce pourtant protégée au même titre que les trois autres.
Documentation
Traces & indices du Campagnol amphibie, les confusions à éviter
Groupe Mammalogique d’Auvergne
" Le Campagnol amphibie, livret d'identification des indices de présence " et plaquette de sensibilisation " Connaître et protéger le Campagnol amphibie en Bretagne "
Groupe Mammalogique Breton